CAUE Martinique

Les prouesses technologiques iraniennes au service du développement durable !

En Martinique, nous avons pris le parti d’utiliser la climatisation comme seul moyen de rafraichissement de nos bâtiments. Nous occultons les techniques qui existaient bien avant l’invention de l’électricité. Ces techniques d’hier sont pourtant les solutions de demain pour maintenir un cadre de vie agréable dans nos maisons et bâtiments tout en limitant notre impact énergétique. Bien des pays, situés dans des zones plus chaudes ont développés des systèmes de rafraichissement fonctionnels, efficaces et totalement passifs en énergie.

 

Le climat en Iran

L’Iran connaît un climat continental avec de grandes variations de température entre les saisons, et très différents entre le nord (très froid l’hiver) et le sud (torride l’été). Certaines régions de montagne sont inaccessibles en hiver, et il peut faire 50° en été sur les rives du golfe Persique. Compte tenu de la surface du pays, les températures peuvent varier considérablement. Il n’y a pas un climat, mais plusieurs climats. Ainsi lorsqu’il fait l’hiver -5° à Téhéran, le Golfe Persique accuse les 20°. Si les régions situées au sud de la mer Caspienne sont aussi vertes que Normandie, l’Iran central en revanche se résume à un grand désert. Le climat globalement, est de type continental, avec de très fortes amplitudes entre l’été et l’hiver. En Iran 65% du territoire est situé en zone aride à semi-aride. Certaines régions d’Iran ont des températures qui frôlent les 40°C.

 

Les « Bâdgir » ou Tour de vent

L’homme a toujours adapté son habitat afin de limiter l’impact de la chaleur. Ainsi depuis l’antiquité, les civilisations sous ces latitudes se sont efforcées d’adapter leur architecture à leurs environnements en développant des méthodes de ventilation naturelles. Les « bâdgir » ou capteurs de vent permettent le rafraichissement des maisons.

Il s’agit de grandes structures semblables à des cheminées qui attirent les brises fraîches et les redirigent vers la maison ou dans les salles de stockage souterraines afin de réfrigérer les aliments périssables. Des études ont montré qu’ils peuvent réduire les températures intérieures d’environ 10 degrés Celsius.

Ces capteurs de vent sont présents sur des peintures datant de 1300 av J-C environ près de Louxor en Egypte, on en retrouve des traces dans des bâtiments perses datant de 4000 avant J-C. Une théorie suggère que les tours de vent ont été adoptées et se sont répandues après la conquête arabe de l’Iran au 7ème siècle.

Ces capteurs fonctionnent grâce à la faible différence de pression entre la base et le sommet à l’intérieur de la colonne. A chaque fois qu’un faible souffle de vent passe à travers le sommet de la colonne, la différence de pression aide à remonter l’air chaud vers le sommet et à amener de l’air frais vers le bas de la colonne. L’effet d’accumulation sur une période de 24 heures est notable.

Il est souvent couplé à un second système de réfrigération afin de rafraichir plus encore l’air capté par la tour. Le plus souvent il s’agit d’un bassin situé sous le bâdgir. Au contact de l’eau, l’air chaud provoque une évaporation à la surface du bassin, perdant ainsi une partie de sa chaleur.

En l’absence de vent, l’air contenu dans la tour chauffée par le soleil, se réchauffe. Du fait de la convection, il monte, s’échappe par le haut et crée un appel d’air qui ventile les pièces situées sous le bâdgir.

 

La climatisation « Concave roof »

En plus de la chaleur, l’eau est donc une denrée extrêmement rare et d’autant plus précieuse dans cette région du monde. Il est donc indispensable de l’économiser et de la récolter le plus possible. C’est dans cette optique que le cabinet d’architecture iranien BMDesign a créé une forme de toiture capable à la fois de récolter de l’eau mais aussi d’utiliser cette eau pour rafraichir un bâtiment ou des espaces de vie. Dans le cadre de la conception d’une école dans la province de Kerman, les architectes ont imaginé un concept de toits dont la forme à pour but de collecter un maximum d’eau de pluie. Ce système « Concave Roof » (Toit concave) consiste à poser l’une à proximité de l’autre, deux gigantesques vasques qui ressemblent à des entonnoirs. La première est chargée d’accueillir l’eau et de la faire ruisseler jusqu’à la seconde qui va elle la conserver et l’empêcher de s’évaporer. En plus de l’ombre créée par ces toitures, le bâtiment est refroidi naturellement. Elle a été conçue pour que « même la plus petite quantité de pluie » puisse être récoltée avant qu’elle ne s’évapore. La vasque posée sur le toit agit comme un entonnoir pour récolter l’eau de pluie qui ruisselle ainsi vers un réservoir central situé entre les murs du bâtiment. Ce réservoir caché au sein de la construction permet donc de réguler naturellement la température intérieure. Les concepteurs ont aussi prévu la mise en place de bâdgir pour contribuer au rafraîchissement naturel de l’édifice. BMDesign planche déjà sur une amélioration de son invention et de ses performances. Les considérations écologiques actuelles ont provoqué un regain d’intérêt pour la technique du bâdgir qui représente une solution de réfrigération à faible empreinte environnementale car elle ne nécessite ni consommation d’énergie ni utilisation de matériaux rares.

 

Sources :

https://positivr.fr/bm-design-toit-recupere-pluie-iran-concave-roof/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iran

http://www.laterredufutur.com/accueil/en-iran-des-toits-en-forme-de-vasque-offrent-une-climatisation-avantageuse/

https://www.habiter-autrement.org/31_sud-nord/06_nsn.htm

https://intellivoire.net/les-capteurs-de-vent-en-iran-la-naissance-de-la-climatisation-ou-refrigeration-ecologique/

https://www.badgir-persian-gulf.com/badgirs

 

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