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Les rendez-vous aux jardins interrogent le changement climatique

Depuis 2003 et à l’initiative du ministère de la culture, se déroulent les » Rendez-vous aux jardins » dans le but de faire découvrir au public la diversité et la richesse des jardins qu’ils soient publics ou privés. Du vendredi 3 au dimanche 5 juin prochains, ce sont des centaines de jardins à travers toute l’Europe qui ouvriront leurs portes, sur le thème des « Jardins face au changement climatique »… En Martinique aussi, les jardins ouvrent leurs portes à tous les amoureux de notre merveilleuse nature.

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Argumentaire

Depuis une vingtaine d’années, chacun a pu constater l’évolution du climat et de ses effets parfois désastreux sur les parcs et jardins à plus ou moins long terme. La prise de conscience en France pour les gestionnaires et propriétaires de jardins date des tempêtes Lothar et Martin en 1999 et Xynthia en 2010 qui ont provoqué d’importants dégâts. À la suite des épisodes caniculaires depuis 2003, et des récentes inondations en France, en Belgique et en Allemagne, la prise de conscience de ce dérèglement s’est généralisée, rejoignant le constat – au niveau planétaire – du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Depuis l’Antiquité des accidents climatiques sont observés.
Le philosophe naturaliste Théophraste le constatait, dès 310 avant Jésus Christ, dans son essai intitulé « les vents ».
Des études sur la reconstitution des peuplements forestiers, depuis le Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui, réalisées à l’aide des registres de martelage des arbres en forêt, montrent une similitude entre le dépérissement des arbres durant le petit âge glaciaire du XVIIIe siècle et celui observé actuellement. Ainsi, durant l’hiver 1709, les arbres « explosaient » en forêt en raison des amplitudes thermiques trop importantes (plus de 20° d’écart entre le jour et la nuit).
Aujourd’hui, le changement climatique est planétaire. Les zones tropicales diminuent alors que les zones arides augmentent, la fréquence et l’intensité des pluies évoluent : les arbres perdent leur feuillage beaucoup plus tôt dans la saison, quelquefois dès le printemps. Les changements de saisons dans les zones de climat tempéré sont plus rapides, après les perce-neige les floraisons se produisent sur des périodes très courtes, les tulipes fleurissent en même temps que les pivoines.
Les phénomènes climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents : sécheresse persistante, jours et nuits de canicule (plus de 25 C°) en augmentation, tempêtes et pluies torrentielles récurrentes provoquant la mort des arbres les moins bien adaptés à leur station, la chute de grosses branches ainsi que le ravinement des talus et des chemins.
Les diagnostics phytosanitaires dans les parcs et jardins montrent que les anomalies constatées au niveau des températures saisonnières ont des effets directs sur les végétaux comme le débourrement (éclosion des bourgeons) trop précoce ou le blocage du développement à cause de gel tardif. Stressées, les plantes deviennent plus vulnérables aux attaques d’agents pathogènes : chenille processionnaire du pin, papillon palmivore, pyrale du buis, scolytes, hanneton forestier, etc.
Compte tenu de l’évolution du climat, les professionnels des jardins et de l’horticulture modifient substantiellement leurs pratiques : tontes plus fréquentes, régénération des pelouses, adaptation des fleurissements, recharge des allées, élimination des branches tombées au sol après des vents violents, abattage des arbres morts à la suite de canicules récurrentes, etc.
Face au changement climatique, les pépiniéristes identifient des essences résistantes et les mettent en culture. Pour limiter les tailles ultérieures stressantes pour les arbres, ils veillent à développer leur port naturel car les végétaux sont ainsi plus résistants et plus résilients. Ils délaissent les essences qui sont difficiles à cultiver et à conserver pour développer des sujets plus adaptés modifiant ainsi la palette végétale.
Pour ne citer que quelques effets concrets du changement climatique sur le quotidien, les professionnels et propriétaires de parcs et jardins s’emploient à favoriser la régénération naturelle des arbres, économiser l’eau, stocker ou canaliser l’eau issue de pluies torrentielles, assurer une veille sanitaire de chaque instant, être attentif aux systèmes racinaires du patrimoine arboré et aux parasites du sol, inventorier et protéger la faune et la flore menacées par ces changements.
Dans les villes où les parcs et jardins aident à lutter contre les îlots de chaleur, les gestionnaires mettent en place des programmes de végétalisation (planter des forêts urbaines, créer de nouveaux espaces verts, végétaliser les cours de récréation des écoles, etc.). Dans les parcs et
jardins publics, ils adaptent les usages les laissant ouverts durant les nuits caniculaires, ou les fermant pendant les épisodes venteux.
Compte tenu de cette évolution inéluctable, il est nécessaire d’adapter la gestion, l’entretien et la composition des jardins afin qu’ils demeurent des lieux accueillants, apaisants et réconfortants pour le plus grand nombre.

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