Aménagement du territoire : Réfléchir avant de construire, raisonner avant d’habiter.

Le constat est clair, nous ne pouvons plus continuer ainsi. Les récents glissements de terrain sur notre île ont interpellé tout un chacun. Les constructions en Martinique sont éclectiques et les personnes, qui les ont construites, l’ont fait avec une grande dignité qui force le respect. Le « koudmen » et le « débrouya pa péché » constituent ici, souvent, une partie des us et coutumes de l’acte de bâtir.

Les terrains sur lesquels nous bâtissons sont pourtant très complexes (nature, composition, forme…) et l’avenir de notre bâti à moyen et long terme en dépend. Car un terrain est le support sur lequel une construction sera établie. Il est donc fondamental de bien le connaitre pour mieux le comprendre et ainsi construire « avec » lui. Le terrain qui accueille la maison doit être en harmonie avec cette dernière. Comprendre le sol est primordial et permet de savoir comment le projet doit être conçu et construit. Pour cela, la personne qui souhaite réaliser le projet d’une vie, comme par exemple une maison, doit faire appel à des experts comme les architectes, les géotechniciens, les ingénieurs mais aussi les paysagistes.

 

Il ne faut pas que l’habitat du martiniquais devienne sa tombe !

À l’échelle du site comme à l’échelle du territoire, les réflexions doivent être menées pour conduire à des solutions concrètes et viables et non à des discours sans fin. Et chacun peut, à l’instar du CAUE qui conseille les porteurs de projets bien en amont, porter sa pierre à l’édifice.

Ainsi, repenser urgemment et durablement l’aménagement de notre territoire est un enjeu essentiel pour nous, martiniquais, car notre futur en dépend. Cela passe par l’éducation à la culture du risque et non la culture du constat et de la peur. Mais avant, ayons la mémoire du risque. Les pouvoirs locaux, les collectivités et les associations doivent par des actes de sensibilisation se placer en amont.

Réfléchir avant de construire, raisonner avant d’habiter. 

La pédagogie et la sensibilisation aux risques mais également aux outils de l’urbanisme tels que les cartes du Plan de Prévention des Risques Naturels et les Plans Locaux d’Urbanisme doivent permettre aux populations de comprendre les enjeux de notre territoire. Ensuite, avant de concevoir et de construire, les collectivités comme les particuliers doivent apprendre à tenir compte de la qualité architecturale, paysagère et environnementale, notions qui prennent en considération les documents d’urbanisme mentionnés plus haut.

Un conseil : Recherchez le conseil ! 

Entourons-nous d’experts compétents ! Les architectes accompagnent dès le début de tout projet. Ils vous aideront à comprendre les spécificités du lieu et même celles du sous-sol grâce au travail des géotechniciens et des ingénieurs qui indiquent à la maîtrise d’œuvre les caractéristiques du sol. Une bonne compréhension de ces dernières aidera même l’architecte dans son parti pris.

Il vaut mieux prévenir que guérir. Les professionnels (géotechnicien, architecte, ingénieur, paysagiste…) apportent une expertise qui pourra prévenir au maximum ce que nous vivons aujourd’hui. Un architecte conçoit avec les caractéristiques du site (la direction du vent, de la pluie, l’orientation du soleil, il ne néglige pas non plus la direction de l’eau souterraine, ni celle des eaux de surface) afin de proposer un projet qui s’accorde avec le terrain d’implantation. Toutes ces contraintes ne sont pas forcément des aléas.

Faisons de nos vicissitudes un avantage.

Et si nous préconisions la réalisation d’études de sols pendant qu’il pleut. On visite toujours un terrain sous la pluie, disent les anciens. C’est à ce moment-là qu’il est possible de voir les ruissellements et les hypothétiques inondations. Enquêtez et discutez auprès des anciens, des habitants du quartier car ils connaissent le lieu où vous allez habiter et peuvent vous éviter de mauvaises surprises.

Revégétalisons la Martinique, en particulier les zones urbaines, les quartiers résidentiels, les abords de nos maisons et de nos espaces habités. Reboisons oui, mais ne pas déboiser (c’est à dire couper l’existant) c’est encore mieux ! La végétation est toujours un allié fort en aménagement tropical humide. Elle peut aider à limiter l’érosion superficielle, mais aussi à prévenir des éléments déclencheurs de catastrophes. Le paysagiste peut aider au meilleur choix de végétaux (vétiver, etc…) en tenant compte de spécificités du sol. Le résultat sera agréable pour les yeux et fonctionnel, la végétation procurant de l’ombre et retenant les sols. Préservons nos continuités végétales, nos bocages, nos haies, évitons le mitage paysager de notre territoire serait une solution durable.

La réflexion est en marche, à l’instar de la commune du Prêcheur avec le programme « Opérations d’habitats renouvelés dans les Outre-Mer ». Une réflexion a été menée par des urbanistes, des architectes, des associations en lien étroit avec les habitants afin de mieux comprendre le territoire communal sur lequel les acteurs sont en train de construire et de reconstruire.

Conclusion

En conclusion, il est important que les acteurs politiques, les professionnels du cadre de vie, leurs partenaires et toutes les bonnes volontés prennent à bras le corps la nécessité d’une dynamique nouvelle afin de mener des actions pérennes. L’exiguïté du territoire, en lien avec les risques naturels majeurs (séismes, cyclones, volcan, sargasses, glissements de terrain, etc.) et les derniers évènements de cette année nous ont révélé l’urgence d’agir durablement.  Les défis sont nombreux et nous devons trouver des solutions.

 

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