Rendre sa maison plus autonome en eau ?

Les récents cyclones majeurs qui ont frappé certaines îles de la Caraïbe ont montré à quel point la satisfaction des besoins en eau potable peut constituer une urgence absolue après une catastrophe naturelle. Dans la mesure où le temps nécessaire à la remise en état des réseaux d’adduction ou des usines de production peut être plus ou moins long, celui-ci pouvant même durer plusieurs mois, on entend à l’envi qu’il faut rendre sa maison plus autonome en eau afin de mieux faire face lors des catastrophes naturelles. Comment faire et dans quelles conditions ?

Comment faire ?

La première réponse qui vient à l’esprit de tout un chacun est de récupérer et stocker l’eau de pluie, ressource totalement gratuite qui représente une moyenne annuelle de 2 milliard de m3 pour la Martinique. Cela, sans compter que le fait de disposer d’un système de récupération d’eaux pluviales répond aussi à diverses attentes en termes de développement durable, en permettant de :

  • De réduire la pression sur la ressource naturelle, notamment en période de sécheresse.
  • De réduire la vulnérabilité des populations face aux aléas climatiques. La récupération des eaux de pluie permettant notamment de limiter les risques d’inondations en retenant l’eau à la parcelle.
  • De normaliser le secteur par la formation et la labellisation des professionnels.
    La récupération des eaux pluviales est aussi importante dans le domaine de l’agriculture.

Pour ce faire, il convient d’installer un système de récupération d’eau de pluie. Celui-ci se compose :

  • De gouttières qui récupèrent l’eau des toitures et la conduisent vers des descentes. En haut de chaque descente de gouttière une crapaudine est installée. Elle permet de retenir tout ce qui peut s’accumuler dans les gouttières et obstruer ces descentes : branches, feuilles, insectes, etc.
  • D’un système de dérivation vers le stockage avec un dégrillage placé en amont de celui-ci et qui sert de filtre.
    Un dispositif de stockage qui peut être enterré ou installé en surface, avec un trop plein.
  • Un robinet de soutirage. L’eau pouvant aussi être dirigée par un réseau dédié vers certains points à l’intérieur de la construction grâce à une pompe.
  • Des plaques signalétiques indiquant « eau non potable ».

Pourquoi l’eau de pluie est-elle non potable ?

C’est parce qu’elle ne respecte pas les limites de qualité fixées par le code de la santé publique pour les eaux destinées à la consommation humaine. Selon l’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments :

Les seuls usages des eaux de pluie autorisés sont :

  • Les usages extérieurs (arrosage, lavage des véhicules, etc.).
  • L’alimentation des chasses d’eau de WC et le lavage des sols.
  • A titre expérimental, le lavage du linge, sous réserve d’un traitement adapté de l’eau de pluie.
  • Les usages professionnels et industriels, à l’exception de ceux requérant l’usage d’une eau potable.

Les usages interdits sont : la boisson, la préparation des aliments, le lavage de la vaisselle et l’hygiène corporelle.
Source : https://media.xpair.com/pdf/reglementation/DGALN_guide-bonnes-pratiques.pdf

D’autres contraintes ou interdictions sont édictées par l’arrêté du 21 août 2008, par exemple :

  • Dans les habitations, la présence de robinets distribuant des eaux de qualités différentes est interdite dans une même pièce.
  • Les canalisations d’eau pluviales doivent comporter la mention « eau non potable » et les équipements de récupération d’eau de pluie doivent être régulièrement entretenus.
  • L’eau de pluie doit être collectée à l’aval de toitures inaccessibles, à l’exclusion des eaux collectées sur d’autres surfaces.
    L’utilisation de l’eau de pluie est interdite à l’intérieur :

    • Des établissements de santé et des établissements sociaux et médico-sociaux, d’hébergement de personnes âgées.
    • Des cabinets médicaux, des cabinets dentaires, des laboratoires d’analyses de biologie médicale et des établissements de transfusion sanguine.
    • Des crèches, des écoles maternelles et élémentaires.

Enfin, il faut toujours garder à l’esprit que, pour qu’un système de récupération d’eau de pluie puisse fonctionner après une catastrophe naturelle, il doit, non seulement, avoir résisté au passage de l’aléa, mais encore, que la toiture du bâtiment qu’il alimente soit encore en bon état. Il en va de même pour les systèmes de collecte et d’acheminement vers la citerne et la tuyauterie alimentant le circuit intérieur et extérieur dédié. Il faut aussi qu’il y ait une alimentation électrique qui soit opérationnelle afin de pouvoir faire fonctionner la pompe destinée à alimenter les points de puisage.
Pour les constructions qui auraient été sinistrées – dont la toiture aurait été emportée par exemple – on pourrait imaginer un dispositif sous forme de kit léger, facile à monter, transportable et autonome, qui permettrait de recueillir et de stocker l’eau de pluie dans des réservoirs de plus petite capacité que ceux des systèmes de récupération traditionnels. Eau qui, bien entendu, devra être considérée comme non potable.

Que faire si l’on souhaite disposer d’eau potable ?

La première des préconisations est de faire en sorte de toujours disposer de réserves d’eau potable chez soi. A cet effet, il est fortement recommandé de disposer dans chaque pièce un bidon de 5 litres d’eau, sinon un pack de bouteilles, dans un endroit sûr, résistant et dégagé, car cela peut permettre de passer le cap des 24 à 72 heures après une catastrophe naturelle. Ce temps est en effet nécessaire à l’arrivée des premiers secours venant de l’extérieur.

Il est aussi possible de disposer d’une citerne « tampon » munie de filtres, d’une contenance de 1000 à 1500 litres, qui soit alimentée par le réseau d’eau potable. En temps normal, en cas de coupure d’eau, son rôle est de prendre le relais du réseau d’alimentation collectif en distribuant l’eau à l’intérieur du bâtiment grâce à une pompe qui gère automatiquement la situation. En cas de catastrophe, ce dispositif permet de faire face au manque d’eau potable pendant quelques jours si l’installation n’a pas été endommagée par la catastrophe. Ce qui implique aussi que l’alimentation électrique fonctionne…

Enfin, bien qu’il soit fortement déconseillé en France d’utiliser l’eau de pluie récupérée, hormis pour les besoins domestiques quel que soit le traitement appliqué, dans certains pays, il est pratiqué et autorisé une utilisation de l’eau de pluie pouvant être rendue « potable ». Cette eau, qui contient un certain nombre de bactéries, de virus et de polluants provenant de l’atmosphère et qui de ce fait, présente un risque pour l’utilisateur, doit subir plusieurs niveaux de filtration (filtration fine, microfiltration, ultrafiltration et nanofiltration) qui permettent d’éliminer la turbidité de l’eau et de retenir : les sédiments (boue, sables, poussières), les métaux, minéraux et résidus de pollution, de même que les bactéries, les germes et les virus. Suite à cela, elle pourra être stérilisée afin d’être rendue potable. Cette étape vise à neutraliser les micro-organismes (bactéries, virus, germes, etc.) encore présents dans l’eau. La stérilisation se fait le plus souvent par rayons ultraviolets ou par cartouche en céramique. Le PH pourra si nécessaire être corrigé, l’eau de pluie étant acide. Dans certains cas, cette dernière devra aussi être reminéralisée.
En France, pour que l’eau soit qualifiée légalement de potable, elle doit être analysée par un laboratoire agréé par la Délégation Territoriale des ARS (Agence Régionale de Santé), aux frais du propriétaire du dispositif.

Une solution de secours en cas de catastrophe naturelle : LA SAFE WATER CUBE

La Safe water cube est une invention du français Jean-Paul Augereau, qui permet de traiter et de rendre potable l’eau à moindre frais et rapidement. Il s’agit d’une fontaine autonome, constituée d’un cube en inox d’une hauteur de 1,20 m, mobile et facile d’utilisation, qui :

  • Rend potable toutes les eaux de surface (eaux de rivières, mares, puits ou eaux saumâtres) ;
  • Filtre 1000 litres d’eau à l’heure soit 150 000 litres par mois ;
  • Ne nécessite aucune énergie, car elle fonctionne sans électricité grâce à une pompe manuelle pouvant aller jusqu’à 7 mètres ;
  • Est entièrement mobile et mécanique ;
  • N’a besoin que d’une maintenance simplifiée ;
  • Et n’utilise aucun produit chimique.

Elle fonctionne grâce à un traitement comprenant cinq étapes d’ultrafiltration qui permettent de stopper tous les virus et bactéries à l’origine de maladies liées à l’eau (diarrhées, dysenterie, choléra et hépatites) sans détruire les minéraux contenus dans l’eau (voir schéma ci-après).
La Safe water cube peut purifier n’importe quelle eau de surface. L’eau filtrée par celle-ci est certifiée par huissier sous la référence CT16014035 (critères de l’Organisation Mondiale de la Santé – OMS).
Brevetée et produite par un fonds de dotation créé en 2016 par Jean-Paul Augereau, elle coûte 5 500 euros livrée. Utilisée principalement pour permettre à certaines régions défavorisées du monde de bénéficier d’eau potable, elle peut aussi servir en cas de catastrophe naturelle. C’est ainsi, qu’en novembre 2016, 15 de ces fontaines ont été installées à Haïti dans la région de Grande Anse qui a été dévastée par l’ouragan Matthew le 4 octobre 2016. Elle peut par conséquent être une solution intéressante pour nos îles en cas de survenue de catastrophes naturelles impactant les réseaux d’alimentation en eau potable.

Images : Source Internet

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