Voisins, on s’entend bien !

Que l’on vive à la campagne ou en ville, dans un appartement ou une maison, que l’on soit locataire ou propriétaire, la proximité avec ses voisins peut être source d’innombrables conflits. Un adage russe dit « Qui jette des orties chez son voisin, les verra pousser dans son jardin ». Autrement dit, nous sommes responsables des relations que nous entretenons avec nos voisins et vice-versa. Étymologiquement le mot « voisin », vient du latin « vicinus » et nous renvoie à « celui qui est à proximité, ce qui est proche, qui est auprès ». Il invite donc à des relations d’entente et de partage.

Cela commence par un simple « Bonjour… »

En Martinique et ailleurs, des générations d’enfants ont appris de leurs parents qu’il fallait toujours saluer le voisin. Si, plein d’impudence, une idée différente leur passait par la tête, ils étaient rappelés à l’ordre illico presto par le voisin lui-même, qui par la suite ne se gênait pas pour informer les parents et le reste du quartier du « manque d’éducation » du concerné. Et comme « Chyen pa ka fè chat’ » (Les chiens ne font pas des chats), cette situation plaçait les ainés responsables malgré eux, dans un malaise empreint de honte et de colère qu’il fallait reporter d’une manière ou d’une autre, sur le jeune effronté fauteur du trouble. C’est dire tout le sens que le « Bonjour » avait dans les esprits, car ne pas le dire impliquait de ne pas le penser. Ne pas le penser signifiait qu’inévitablement, un problème, un conflit, un désaccord pouvait, et ce dans un avenir proche, se faire jour.
Les enfants étaient et sont, encore aujourd’hui et cela bien malgré eux les révélateurs des bonnes relations entre adultes. Ainsi, dire « Bonjour » reste important… Un « Bonjour » pouvant être le premier pas pour des relations de bon voisinage.

De la nécessité de s’entendre

Partager son territoire avec ses voisins est un art qu’on apprend au quotidien. Où que l’on vive, on aura toujours des voisins pour le meilleur et pour le pire. Cet art délicat consiste à observer sans surveiller ceux qui vivent à proximité, pour comprendre les tempéraments (solitaire ou bon vivant), les contextes de vie (enfants, maladie, solitude, traumatismes etc.). Car si mon voisin n’interagit pas avec moi, je peux choisir de lui accorder le bénéfice du doute : Est-il préoccupé, distrait ? Vient-il d’apprendre une triste nouvelle ? Le manque de dialogue peut s’expliquer de bien des manières. Et avoir des conclusions hâtives ou faire des remarques désobligeantes peut mettre inutilement de la tension et mener à un vrai point de rupture. Or, il se peut que ce voisin, si effacé, soit celui qui se mettra au service de tous en cas de problèmes graves.
Laisser la distance vitale nécessaire à l’épanouissement de tous est donc primordial. Les bons voisins sont ceux qui respectent leur entourage en sachant « qu’ils ne sont pas seuls au monde ». Les bons voisins sont ceux qui, tout en étant capables de sympathie, savent qu’il ne faut pas envahir, être intrusifs car chacun a son « chez-soi » qu’il convient de respecter. Les nuisances appellent au bon sens de chacun. Et là encore, le dialogue est essentiel car il permet de désamorcer ce qui pourrait, sans lui, devenir une vraie bombe, obligeant les parties à avoir recours à la médiation institutionnelle, voire la justice.

Jou malè pa ni pran gad ! (Le malheur ne prévient pas)

Les bonnes relations de voisinage, nous l’avons dit précédemment, doivent être entretenues pour au moins deux bonnes raisons :

Un proverbe africain nous rappelle à juste titre que « Le voisin est le premier secours d’un homme ». Personne n’est à l’abri de dangers (incendie, catastrophes naturelles, violation de domicile) et dans ces cas, les premières personnes à nous porter secours restent celles qui sont à proximité, autrement dit « nos voisins ». Nous avons tous lu ou vu sur nos écrans, des histoires qui finissent bien parce qu’un voisin a porté secours, est venu en aide, mettant parfois sa propre vie en danger.
D’où la nécessité voire l’intelligence d’entretenir de bonnes relations avec le voisinage car il peut nous sécuriser et nous maintenir en santé et en vie.
En Martinique, territoire contraint et isolé, nous ne pouvons pas ignorer que la clé de la survie, en cas de catastrophe, est les voisins et les amis. Il faut pouvoir compter sur un réseau de connaissances vivant à proximité pour augmenter ses chances de survie. Et ce réseau ne peut se constituer qu’avec la volonté, la participation, la prise de conscience et les liens que chacun aura su créer avec l’autre. Il doit se créer une vraie dynamique de quartier dans laquelle chacun a des affinités avec au moins deux ou trois voisins. Cela permettrait de créer un réseau qui maitriserait les compétences (médecin, techniciens, secouristes…), connaitrait les difficultés (maisons isolées ou pouvant constituer un danger…) et les contraintes (personnes en situation de handicap, personnes âgées, enfants en bas âge…) rencontrées par chaque entité du voisinage.
N’oublions pas enfin, qu’il s’agit là, de créer un réseau en cas de danger et non pas un réseau de surveillance au quotidien de la vie personnelle de chacun.

 


Quelques conseils


De « Rompre l’isolement » … à la fête des voisins

Voici une jolie histoire de voisinage qui a fait des émules dans le monde entier !
L’idée d’ « Immeubles en Fête » est née en 1990, quand Atanase Périfan et un groupe d’amis du 17ème arrondissement de Paris créent l’association « Paris d’amis». L’objectif premier est simple : renforcer les liens de proximité et se mobiliser contre l’isolement. L’association réalise alors de nombreux projets comme un service de parrainage pour les voisins en difficulté, des fêtes de Noël en famille pour les personnes seules, un service d’aide aux personnes à mobilité réduite, un autre pour la recherche d’emploi, des haltes-garderies à domicile…
En 1999, « la fête des voisins » est lancée et 800 immeubles parisiens y participent. En 20 ans, l’idée a tracé sa route et a convaincu des mairies, des bailleurs sociaux, des associations locales, des partenaires publics et privés, des citoyens en France et dans le monde.
Le 25 mai dernier, la fête des voisins a rassemblé plus de 30 millions de participants dont 10 millions en France.

Et si vous vous lanciez en 2020 !

C’EST QUOI ?
La Fête des Voisins permet de réunir ses voisins autour d’un repas, afin de partager un moment convivial et briser la glace. Elle est organisée par les citoyens eux-mêmes, et permet de développer la solidarité, la proximité, la cordialité, le lien social, la convivialité et la simplicité dans leur milieu de vie.
C’EST QUAND ?
Le vendredi 29 mai 2020, nous célèbrerons le 21ème anniversaire de la Fête des Voisins. Toutefois cette date n’est pas obligatoire pour les organisateurs, il faut la considérer comme une date de lancement pour les rencontres entre voisins qui se dérouleront après et même durant les vacances scolaires.
C’EST OÙ ?
Dans la rue, la ruelle, le parc, un jardin, un hall, la cour d’une maison ou la cour de votre immeuble,… Toutes les idées sont bonnes, les lieux ne manquent pas pour se retrouver entre voisins !
​Attention, Toute personne physique ou morale peut organiser un événement rassemblant du public. Toutefois, l’organisateur est tenu de respecter certaines obligations légales et réglementaires. Cependant, les réglementations varient selon les lieux, renseignez-vous auprès de votre mairie si vous souhaitez vous installer dans votre rue ou sur le trottoir le jour de votre Fête des Voisins, afin d’obtenir les autorisations nécessaires et respecter le plan Vigipirate.
​​C’EST QUI ?
Les acteurs : Les citoyens sont au cœur de l’événement, il leur revient de s’approprier la manifestation afin d’organiser une fête avec leurs voisins.
​Les relais : Les municipalités, les bailleurs sociaux, les associations locales, les partenaires publics et privés, impulsent la dynamique sur leur territoire et mobilisent les citoyens sur cette initiative en faveur du Mieux-Vivre Ensemble, en leur mettant à disposition le matériel dont ils ont besoin pour s’organiser.
COMMENT L’ORGANISER ?
Le principe est de se retrouver autour d’un verre ou d’un repas simple, chacun apportant sa contribution. Organiser la Fête des Voisins est très simple, il suffit de le décider ! L’organisation est légère et elle ne dépend que de vous : vous et vos voisins êtes les véritables acteurs de ce succès !
POURQUOI L’ORGANISER ?
Avant de s’entraider, il faut se reconnaître et se connaître. Alors, si vous n’avez encore jamais cultivé l’art du bon voisinage, lancez-vous ! Que cette fête soit le point de départ d’un nouvel art de vivre !

 

Cet article est extrait du magazine La Mouïna Martinique n°20 en téléchargement !

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